Reste t il des indications aux antidépresseurs ? et : place de l’hypnose dans la dépression

Je me pose la question , à la lecture de l’article d ‘ Irving Kirsh, professeur à l’Université de Plymouth et à la faculté de médecine Harvard Medical school :

« Placebo effect in the treatement of depression and anxiety » (paru en juin 2019)

Dans cet article , Kirsh rappelle les méta-analyses qu’il a réalisées depuis 2002 et celles qui ont été faites par d’autres.

Kirsh a eu une très bonne idée  : inclure dans sa méta-analyse, non seulement les études sur les antidépresseurs publiés dans les revues médicales , mais aussi toutes les études non publiées , mais accessibles dans les archives de la FDA, à qui les labos doivent donner tous les résultats des études faites sur le produit dont ils demandent la mise sur le marché.

Le résultat est sans appel : l’effet des antidépresseurs est (en plus grande partie sinon totalement) dû à l’effet placebo.

La différence entre l’effet des antidépresseurs et celui des placebos est minime, sans signification clinique, et ne justifie sans doute pas que l’on fasse courir le risque d’effets secondaires gênants ou graves.

Pour l’anxiété , les résultats sont comparables.

Voici le lien vers l’article :

Placebo effect in the treatement of depression and anxiety 

https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyt.2019.00407/full

Alors que faire ? demande Kirsh : donner un placebo en faisant croire qu’il est un médicament ?

Donner un placebo en le présentant comme un placebo actif ?

Prescrire des traitements alternatifs ? :

les omega 3,(1) l’homéopathie,(2)l’exercice physique , les pratiques « méditatives : Tai Chi,Qigong, Yoga ? (3) les psychothérapies( 4)

Un élément de choix : la réponse à long terme :

Elle est meilleure chez ceux qui sont traités par psychothérapie (5) (6) ou placebo, avec un moindre risque de rechute que chez ceux qui reçoivent des antidépresseurs.(7)

Ce qui soigne est de proposer aux patients un programme thérapeutique actif , (dont une bonne relation thérapeutique.)

En résumé : les antidépresseurs sont équivalents à des placebos, mais avec des effets secondaires importants , potentiellement graves (suicides, réactions violentes, crises maniaques, dysfonction sexuelle fréquente).

Les psychothérapies sont aussi efficaces que les antidépresseurs, sans leurs effets secondaires, et avec un moindre risque de rechute.

Le risque de rechute est plus important avec les antidépresseurs qu’avec les traitements

alternatifs.

Rappel : le risque des antidépresseurs chez l’adolescent est majeur (suicide, agressivité).

Michel Ruel, 6/1/2020

Bibliographie :

1) Appleton KM, Sallis HM, Perry R, Ness AR, Churchill R.

Omega-3 fatty acids for depression in adults. Cochrane Database Syst Rev (2015) 11. doi: 10.1002/14651858.CD004692.pub4

2) Macías-Cortés E, Llanes-González L, Aguilar-Faisal L, Asbun-Bojalil J.

Individualized homeopathic treatment and fluoxetine for moderate to severe depression in peri-and postmenopausal women (HOMDEP-MENOP study): a randomized, double-dummy, double-blind, placebo-controlled trial. PLoS One (2015) 10(3):e0118440. doi: 10.1371/journal.pone.0118440

3) Zou L, Yeung A, Li C, Wei G-X, Chen K, Kinser P, et al.

Effects of meditative movements on major depressive disorder: a systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. J Clin Med (2018) 7(8):195. doi: 10.3390/jcm7080195

4) Khan A, Faucett J, Lichtenberg P, Kirsch I, Brown WA.

A Systematic review of comparative efficacy of treatments and controls for depression. PLoS One (2012) 7(7):e41778. doi: 10.1371/journal.pone.0041778

5) Shea MT, Elkin I, Imber SD, Sotsky SM, Watkins JT, Collins JF, et al.

Course of depressive symptoms over follow-up: findings from the National Institute of Mental Health Treatment of Depression Collaborative Research Program. Arch Gen Psychiatry (1992) 49(10):782–7. http://bmjopen.bmj.com/content/3/4/e002542.abstract. doi: 10.1136/bmjopen-2012-002542

6) Cuijpers P, Hollon SD, van Straten A, Bockting C, Berking M, Andersson G.

Does cognitive behaviour therapy have an enduring effect that is superior to keeping patients on continuation pharmacotherapy ? A meta-analysis. BMJ Open (2013) 3(4):e002542. Retrieved from http://bmjopen.bmj.com/content/3/4/e002542.abstract. doi: 10.1136/bmjopen-2012-002542

7) Andrews PW, Kornstein S, Halberstadt L, Gardner C, Neale MC. Blue again: Perturbational effects of antidepressants suggest monoaminergic homeostasis in major depression. Front Psychol (2011) https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3133866/pdf/fpsyg-02-00159.pdf